Dans un ciel de crépuscule, là où l’azur s’efface dans le murmure de la nuit, une colombe glisse doucement.
Il est tard. Elle devrait déjà être rentrée. Ses ailes fatiguées dessinent des arabesques silencieuses, effleurant l’invisible, caressant le souffle du vent. Son vol, doux et apaisant, semble suspendu à la respiration du monde.
Mais quelque chose perturbe son vol, altère sa raison, ternit sa confiance.
Sous elle, un vortex d’ombre et de dangers, spirale vivante tournoyant dans un silence qui la ronge.
Le gouffre ne hurle pas. Mais il l’appelle depuis longtemps maintenant, puits de songes envahissants, cicatrice dans son passé.
Ses ailes faiblissent. Personne ne peut plus l’aider. Le ciel la regarde tomber.
Soudain, alors que son corps frêle, épuisé, frôle ce tourbillon qui menace de l’aspirer, l’une de ses plumes se détache. Légère comme un soupir, virevoltante comme une goutte de pluie dans l’orage, elle s’échappe de l’aile blanche et se laisse porter par la danse des éléments.
La colombe, fatiguée par le combat, prête à capitulé, attirée autant qu’effrayée par ce vortex qui depuis des années ne cesse de lui parler, perçoit soudainement que seule l’amour pourra la sauver.
Rassemblant ses forces, elle saisit sa plume et effleure le vortex d’une caresse nacrée. Il frémit, tremble, s’affaisse sur lui-même comme un trou noir dont l’énergie le dépasserait, comme touché en plein cœur par le souvenir d’un tendre passé. Comment a-t-il pu oublier ?
Alors la colombe reprend espoir, danse, tournoie, frôle de nouveau avec confiance cette fois ce monstre menaçant qui l’a tant brisée. Elle rassemble en son cœur tout l’amour qu’il contient, et le projette avec douceur sur le colosse ébranlé qui ne peut résister. Il ne comprend pas. Comment peut-elle l’aimer ?
Elle dessine sur ses parois maintenant déchirées des sillons d’argent, des cicatrices de lumière, qui craquellent son armure, étiolent sa puissance, écartent le danger. Le gouffre devient pureté et en son centre commence à poindre la beauté.
La colombe, rassurée, peut enfin se poser.
Ses ailes repliées, elle lisse sa parure immaculée. Sous elle, le sol s’est reformé. L’air s’est resserré. Le vortex s’est apaisé.
Et doucement, tendrement, la caresse d’une plume tombée du ciel vient la bercer.

S’envoler – 2025
Monotype sur papier whenzou

La colombe et le vortex
Encre sur tissu
22 x 30 cm

La grue qui dansait avec la lune
Ni jour, ni nuit. Juste un instant suspendu,
où l’oiseau devient lumière et le silence absolu.
Encre sur tissu
22 x 30 cm

Le chemin
Encre sur tissu
22 x 30 cm

Derrière le miroir
Encre sur tissu
22 x 30 cm

La brindille qui danse
Encre sur tissu
22 x 30 cm